Un Spectacle pour Noël ou pour un évènement ?
C'est pas fini !
L'histoire d'Albertine et Félicien.
Ou comment deux employés de service qui viennent là pour ranger après un spectacle, prennent possession d'une scène, en usurpateurs, et en font leur propre terrain de jeu.
Ou comment deux personnages anecdotiques, banaux, en viennent à devenir deux grands artistes capables de tous les numéros et de tous les risques, dans ce cirque imaginaire qu'ils se sont construit.
Ou comment deux clowns embarquent le public pour une fête commune, qui devient cirque de tous. Il s'agit d'une complicité retrouvée entre les clowns et les spectateurs.
Spectacle miroir de tous les désirs et tous les rêves : de voler, d'être grand et fort, de jouer à celui qui … Cette folie va déplacer leur scène vers d'autres espaces, comme un possible ailleurs.
Article de GwG
C’est pas fini ! commence par la fin.
On range !
Deux hommes de ménage cherchent à faire partir le public pour nettoyer une scène jonchée de vêtements et d’accessoires après un spectacle qui vient d’avoir lieu.
Gênés par le public qui ne veut pas se lever malgré leurs multiples injonctions, en langue des signes, en russe, en pftt, ils décident de ranger quand même ! Sous les yeux des enfants et des grands, déjà remplis de rire.
Au cours de ce travail harassant, ils découvrent costumes et nez à leur convenance et deviennent clowns.
Dans le cirque qu’Albertine et Félicien décident de créer, vêtus de leurs nouveaux habits, la fragilité de leurs numéros (monter sur un escabeau, danser sur un fil dessiné au sol, jongler avec des balles invisibles) et leurs échecs sont le miroir de nos difficultés quotidiennes à maîtriser le réel. Les deux clowns offrent leurs corps mobiles et volontairement maladroits aux sentiments contradictoires des spectateurs. Ils sont nuls pour notre plus grand plaisir. Leur exploit est de nous faire rire aux éclats. Dans ce monde-là, on se relève toujours des pires chutes.
Albertine et Félicien sont en interaction permanente avec le public qui ne cache pas sa joie ! Les enfants se sentent acteurs à part entière, ils critiquent la maladresse, dénoncent les fourberies et les lâchetés de l’un ou l’autre clown, suggèrent une action et surtout montrent une compréhension très fine des propositions qui leur sont faites. Quand Félicien demande un bout de ficelle, il s’en trouve plusieurs qui en ont dans la poche.
Sous le rire, couve l’émotion.
Que fera Albertine seule sans Félicien qu’elle vient de tuer en jouant à Guillaume Tell ?
Que va penser Félicien quand il se verra remplacé par le premier spectateur venue : the show must go on ?
Comment encourager Albertine à réussir un numéro de magicienne ? En trichant, décide Félicien qui tente de faire adhérer le public à son projet. A l’enfant qui veut dénoncer la supercherie, le clown murmurera : Ne l’empêche pas de rêver…
Dans le public, des parents venus de pays lointains et qui ne parlent pas le français rient à gorge déployée, preuve s’il en faut, que l’énergie et la justesse des corps suffit à faire passer l’essentiel.
D’une grande humanité, sans aucune mièvrerie, Albertine et Félicien nous montrent un monde dans lequel on ne meurt pas d’échouer à être le plus fort et où le rêve, la poésie, l’enfance, le rire sont nos plus précieux alliés.
Quand le spectacle touche à sa fin et qu’il s’agit de ranger, les clowns, dans l’entre-deux de la scène et de la vraie vie, commencent à se défaire de leurs oripeaux au grand dam du public (Ah, le regard que Félicien adresse au public en rangeant le gilet qui lui fait penser à ceux que sa mémé tricotait). Soudain, ils décident que non, ils ne vont pas ranger et qu’ils vont vraiment devenir clowns et faire le tour du monde avec leur spectacle. Ils reviendront l’année prochaine pour raconter tout ça. C’est pas fini finit par un commencement. Peut-on mieux dire l’espoir ?
GwG
20/12/2016